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 C'Est Pas Beau, Le Service Minimum?

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nicogé
le clandestin
nicogé


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MessageSujet: C'Est Pas Beau, Le Service Minimum?   C'Est Pas Beau, Le Service Minimum? EmptyJeu 24 Mai 2007, 00:14

C'Est Pas Beau, Le Service Minimum?

C'Est Pas Beau, Le Service Minimum? Medium_27


Scène (tragique) de la vie quotidienne en Sarkozie: trois journaleux
(d'i-TELE, France Inter et "Le Monde") servent une soupe crémeuse à
Xavier Bertrand, "ministre du travail".



Question: "Un de vos défis est d'instaurer le service minimum..."



Le mot "défi" est ici complètement idiot: pour le nouveau régime,
l'instauration du service minimum n'est absolument pas un défi, mais
une intention, un projet, clairement énoncé - une menace, qu'il s'agit
à présent de mettre à exécution.



Mais ce mot, qui est tout sauf anodin, permet à nos journaleux de
présenter Bertrand comme un homme courageux - plutôt que sous les
traits du gars chargé de mettre en oeuvre une partie du programme
antisocial de Nike Sarkozy.



Le ministre, charmé par tant de prévenance, répond: "Le service minimum
n'est plus aujourd'hui un sujet tabou. C'est un dossier qui échappe aux
logiques partisanes, puisqu'il y a plus de 80 % des Français qui en
veulent".



Nouvelle question: "De quel sondage minable sortez-vous ce chiffre burlesque de 80 %?"



Je rigole, bien sûr.



Vous imaginez bien que nos journaleux ne posent pas du tout cette question.



Vous imaginez bien qu'ils ne vont pas empêcher Xavier Bertrand de faire
son miel des statistiques à deux balles dont eux-mêmes se délectent à
longueur d'antennes et de colonnes.



Xavier Bertrand peut donc poursuivre, sans être inquiété: "Aujourd'hui,
il y a un droit important, constitutionnel, c'est le droit de grève".



Ce droit, effectivement (très) important, est justement celui que le régime veut abroger en instaurant le service minimum.



Mais Xavier Bertrand ne peut bien sûr pas l'énoncer aussi directement -
même avec la complicité des journaleux qui lui passent les plats.



Il commence donc par expliquer: "Quand le droit de grève est exercé, le service est perturbé".



C'est parfaitement juste.



Xavier Bertrand est, on le voit, un observateur avisé de la chose publique.



(Sans doute a-t-il aussi noté qu'après l'hiver vient le printemps.)



Nous pouvons même postuler que la perturbation du service est justement
ce qui fait l'intérêt d'une grève - du point de vue des grévistes, qui
n'est pas le moins légitime.


Le cheminot qui se met en grève, par exemple, ne fait pas ça pour le
plaisir de perdre x journées de salaire: il fait ça pour adresser un
signal fort, sur le thème, tu as voulu me niquer, mais désolé, ça va
pas être possible, parce que tu vois les jolis trains, là, là, et là?


Ben je les bloque, et c'est le bordel.


A ce moment-là (voyez Juppé en 95), le gouvernement réalise qu'en
effet, la grève met partout un joyeux bordel, et renonce (un peu) à ses
projets scélérats.


Je schématise, hein?


Mais grosso modo, c'est comme ça que ça fonctionne.


Les profs se mettent en grève?


C'est le bordel partout, derechef.


Les gens ne peuvent plus du tout laisser leurs enfants à l'école, tout
le monde s'énerve, et le gouvernement flippe, genre, nooooom de Dieu,
est-ce que ma foutue popularité serait pas en chute libre?


C'est ce que veut dire Xavier Bertrand, avec ses mots à lui, quand il
énonce doctement que, pendant la grève, "le service est perturbé".


Il veut dire que la Sarkozie a salement les jetons, à l'idée que les
cheminots ou les profs (liste non exhaustive) immobilisent les trains
ou ferment les écoles, pour contrecarrer les hideux plans du
gouvernement.


Alors Xavier Bertrand introduit, un peu comme dans une chronique d'Eric
Le Boucher, une kolossale finesse: "Il faut faire la différence entre
la perturbation et la paralysie du système".


En d'autres termes: d'accord pour la grève des cheminots - mais si les trains roulent.


D'accord pour la grève des profs - mais à condition que leurs établissements restent ouverts.


Et pour cause.


A partir du moment où les trains circuleront, à partir du moment où les
enfants seront à l'école, nos grévistes pourront gueuler: tout le monde
s'en foutra - surtout le gouvernement, qui n'aura plus aucune raison de
leur céder quoi que ce soit, puisque le système ne sera plus du tout
"perturbé".



















Il est scientifiquement prouvé que le gars qui se tape dix bornes à
pied matin et soir finit par tendre l'oreille aux revendications des
cheminots en grève, et par se demander si au fond ces gens-là
n'auraient pas un peu raison de se révolter - alors que le même type,
calé dans son RER, n'a que foutre de leurs slogans.



Le service minimum, dont les contours ne sont, vous l'aurez noté,
jamais nettement tracés, représente bel et bien une abrogation du droit
de grève: l'objectif est de déposséder les agents des services publics
de leur seul moyen de pression, qui est en effet la paralysie du
système.



Pour (essayer de) nous faire avaler cette gigantesque pilule, Xavier
Bertrand nous sort l'habituel argument de ceux qui n'en finissent
jamais de briser les reins des travailleurs: "le droit au travail".



Le ministre développe, sans rire: "Ce droit au travail qui est lié à la valeur du travail est aussi constitutionnel".



Et de préciser: "Le droit que vous avez quand vous êtes obligé de
prendre les transports en commun, d'aller au travail et de revenir de
votre travail".



Xavier Bertrand, on le constate, essaie ici, en fin stratège, de
dresser les travailleurs les uns contre les autres: le vilain cheminot
qui bloque le train du gentil prolétaire contre le gentil prolétaire
qui aimerait que le vilain cheminot arrête un peu de lui bloquer son
train.



Bien tenté, Xavier Bertrand!



Mais raté: parce que dans la vraie vie, les choses ne sont pas exactement comme sur un plateau d'i-TELE.



Dans la vraie vie, le cheminot et le prof n'ont pas du tout l'intention
d'empêcher leurs voisins d'aller bosser: ils réclament juste des
conditions de travail décentes, parce que le sacro-saint "droit au
travail", c'est bien beau, mais pas à n'importe quel prix.



Et pour ça, ils sont prêts en effet à paralyser le système - non pour
faire chier le populo, qui souffre des mêmes atteintes qu'eux, mais
parce que c'est leur seul moyen de se faire entendre, quand on leur
tape trop fort sur les conditions de travail.



Instaurer le service minimum, c'est leur ôter ce moyen - ni plus, ni moins.



Xavier Bertrand "oublie" d'ailleurs, très soigneusement, de mentionner
que le service minimum n'est pas le seul moyen d'éviter la paralysie du
système.



Il en existe un autre, beaucoup plus évident: c'est de prévenir cette
paralysie, en évitant, quand on gouverne, d'infliger aux salarié(e)s
des coups si rudes, qu'ils n'ont d'autre choix, pour les parer, que de
faire grève.



(Une fois la grève déclarée, un autre moyen existe, encore un: la négociation.)



Mais voilà: Nike Sarkozy n'a aucune espèce d'envie de retenir ses coups
- puisqu'il veut, notamment, une "réforme" des régimes spéciaux...



Et nous en revenons à nos journaleux, qui posent alors cette question
particulièrement débile à Xavier Bertrand: "(...) Vous n'engagerez la
réforme des régimes spéciaux qui concernent notamment les entreprises
de transport qu'après avoir réformé le service minimum?"


(Que de réformes, dans cette formulation!)


Pourquoi est-ce une question particulièrement débile?


Parce que même un enfant de cinq ans sait que la réponse est: "Oui".


Xavier Bertrand le confirme d'ailleurs: "Il a toujours été dit et écrit
dans la loi que le rendez-vous pour les retraites, ce serait au début
de l'année 2008, et dans ce rendez-vous des retraites, il y aurait
notamment la question des régimes spéciaux".


Donc: d'abord le service minimum.


Puis: les régimes spéciaux.


Pourquoi dans cet ordre-là?


Pourquoi pas l'inverse?


Ben, est-ce que c'est pas évident?


Si le régime s'attaque aux retraites des cheminots avant de leur avoir supprimé le droit de grève, que vont faire les cheminots?














Ils vont se mettre en grève.



Bravo.



Alors que si le régime commence par abroger ce droit en instaurant le
service minimum, il aura ensuite un boulevard devant lui, pour tout
bousiller.



Il se pointera, la bouche en coeur: "Toc, toc, toc, c'est le régime, je viens vous pourrir vos retraites!"



Les cheminots: "Dans ce cas-là, on se met en grève!"



Le régime: "Faites, je vous en prie, et pendant que vous perdez un gros
morceau de salaire, agadez ce qu'on voit au loin, des trains, des jolis
trains qui roulent - c'est pas beau, le service minimum?"



Tout ça est joliment goupillé.



François Chérèque a d'ores et déjà fait savoir qu'il était disponible, pour discuter le coup avec le gouvernement.



Acré Fanfan.



Mettons que les cheminots (et les autres) lui répondent vite fait par
une très jolie grève générale illimitée, jusqu'à ce que le régime
oublie jusqu'aux mots: "service" et "minimum"?



En exigeant, cela va de soi, le paiement des jours de grève?



Vous croyez que la Sarkozie décomplexée ferait donner la troupe?
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