Sarkozy pour trente ans ?
Cinq ministres sont maires et entendent bien le rester. Comment Alain Juppé à Bordeaux ou Xavier Darcos à Périgueux trouvent-ils le temps nécessaire pour gérer de front leur grand ministère et leur grande ville ? Il y faut des capacités physiques peu communes et un entourage dévoué. Epaignes, chef-lieu du canton dans l’Eure, doit, convenons-en, créer moins de conflit d’emploi du temps pour Hervé Morin.
L’interdiction du cumul des mandats, qui fut proposé par Ségolène Royal, est donc de moins en moins à l’ordre du jour. Défendant sa propre position, Alain Juppé a déclaré que « c’était bon pour Bordeaux et bon pour son ministère » que de conserver un ancrage local. Peut-être, mais rappelons que cette singularité française ne se retrouve dans aucune démocratie occidentale ; et il serait difficile de démontrer que l’Etat français en est mieux géré que les autres Etats occidentaux.
Autre singularité française : la perpétuité. Il est permis de se représenter à l’infini à la même fonction locale ou nationale. Souhaitons que Sarkozy se souvienne de sa promesse de limiter le mandat présidentiel à deux quinquennats.
On m’objectera que l’électeur en décide. Certes, mais on sait aussi que l’élu, local ou national, n’a généralement de cesse que d’éliminer ses rivaux futurs. L’électeur décide mais il ne serait pas malvenu de faciliter son choix et d’ouvrir la concurrence.
Guy SORMAN, le 05/06/2007